« UN TCHAD MEILLEUR EST POSSIBLE, SI NOUS DISONS HALTE AUX HAINEUX DIVISONNISTES !
Écœuré de suivre sur une radio internationale ce matin, quelqu’un qui rencontrait une scène de bagarre entre étudiants tchadiens (musulmans/chrétiens) a l’étranger au cours d’une soirée culturelle. Il disait que dans la salle, les gens sont installés dans deux rangés différents selon leur appartenance religieux.
Ensuite, qu’un groupe s’est attaqué violement au DJ qui animait la soirée parce qu’il mettait uniquement de la musique de l’autre camp et la bagarre s’est déclenchée.
Je me suis dit à quoi sert de faire de longues études dans des prestigieuses facs a l’étranger, se glorifié de ses connaissances et prétendre un grand du pays, si on ne peut cohabiter avec les autres?
Vous êtes tchadiens et pouvez pas tolérer une musique chanté par un chrétien ou musulman ? Je pense que votre place n’est pas dans la République.
Même si, depuis longtemps nos anciens se vantait de l’époque de Fort Lamy et regretter la période avant 79 et qualifient notre génération de haineuse et mal éduquée.
Personnellement, j’ai des raisons d’être fier de la vie que j’ai vécu jusqu’à nos jours avec des compatriotes que le Tchad m’a donné la chance de les avoir comme frères et sœurs, malgré nos origines et différences religieuses et culturelles.
Enfant, mes artistes préfères étaient Robonate, Malick H, les Groupes Croix du Sud, Padjirai, Yakuza, Chute Gottio, Tibesti, Pyramide, HSAO, Eklypse et même si j’écoutais Shaggy, R Kelly, Ricky Martin, Jennifer Lopez, et j’ai découvert Mahamat Nour Atchiro, Kaltouma Tchoungoul et Moussa Chauffeur plus tard.
Aujourd’hui, j’écoute avec fierté et joie les chansons de Ray’s Kim Bunda Boz, Maoundowe, Matania, Tchadiano Issa Bichara, Caleb R, Ezrael, Mounira, Croque Mort, Yasmine , Darsilla etc.
Car je me retrouve dans leurs chansons et pour moi si aujourd’hui Maoundoe, le duo Sultan et Wori font danser les jeunes de ma génération, peu importe leurs provenances, c’est une richesse et une grande avancée vers la construction de la nation tchadienne.
Nous étions des fans des footballeurs tels que : Dollar, Teguina, Abana Hissein, Gana, Ali Biani, Kalwaye, Seid Wadel, Abbas Tahir, parce que nous aimons le football et le championnat tchadien et avions l’espoir que le Tchad qualifiera a la CAN ou au Coupe du Monde et non pour la triomphe d’un jouer doum ou Sara qui réussira comme Messi ou Christiano.
Et je me rappelle bien que mes amis d’Ardep-Djoumal (Harlem City) supportaient le jockey Mahamat Tahir II avec le cheval de Lamana et nous du Ridina (Rid City) Mahamat Tahir I avec le cheval de Ploploss Athanase par passion de la course hippique et non parce que le cheval appartient à un chrétien ou à un Baguirmi.
Quand j’étais motivé par l’éloquence de Bemba Bob Gaël (Président de la IIème Législature du Parlement des Enfants) et je faisais alliance en 2002 avec le charismatique et intelligent Mbaïtoubam R. Séraphin et que notre ticket remporta (suis élu 1er Vice-Président et Séraphin Président) contre le groupe de Moussa Mahamat Mahdi, Djepeur Korode Gérard, Djasrabe Ndolegoloum Djasrabé Herve et Ali Mahamat Moumine.
Et par la suite, Jai crus à la promesse de Séraphin que le jour où il sera président du Tchad et je serai son Premier Ministre, parce que nous croyons a la fraternité et à nos valeurs communes.
Et si on se laissait découragés au début de notre engagement associatif par les amis et parents, que la vie associative est pour les saras, je pense que je n’aurais jamais la chance d’être reformé par le JEC (Jeunesse Étudiante Chrétienne), UJEMUT (Union des Jeunes Musulmans et Chrétiens), de visiter la Suite, France, Cinq ans États des USA, une grande partie de l’Afrique et du Tchad.
Grace au brassage et un comportement tolérant qu’il n’y a pas une région ou ethnie au Tchad au sein de laquelle je n’ai pas d’amis ou frères.
Pour moi l’Islam et le Christianisme sont des richesses pour nous et non des calamités. Et durant mon parcours j’ai profité avec plaisir des œuvres des chrétiens comme CEFOD, Centre Don Bosco, Tente Abraham, Centre Almouna, Centre Emmanuel, Hôpitaux, la culture de la gestion saine et rationnelle etc. et je suis reconnaissant.
De même, mes frères chrétiens peuvent profiter de l’esprit de créativité et du commerce, la générosité, la solidarité des musulmans etc.
Lorsque j’ai des questions sur le Christianisme, je fais recours sans complexe au Père Patrice, Père Romain, mon grand Enoch Djondang ou Pasteur.
Et si j’ai besoin des éclaircissements sur les divergences entre les différents courants de l’Islam, les explications de Cheikh Abdoul daim, Mahamat Djibrine me suffisent, peu importent qu’ils soient Ansar Sunna ou Tidjania.
Les histoires d’homosexualité au sein du Vatican, le népotisme au sein du Conseil des Affaires Islamiques, les querelles (conflits des dims ) au sein des EET n’affaibliront pas la confiance et le respect que j’ai pour les hommes de Dieu.
Sans aucune démagogie ou hypocrisie, je pense que les tchadiens sont complémentaires et chacun a besoin de l’autre. La preuve en est qu’à nos relations amoureuses, les moments des tristes ou de bonheur, les préjugés disparaissent.
Je n’oublierai jamais, quand en 2016, j’ai perdu mon Papa, les jeunes de Moundou ont cotisés pour une envoyé une délégation conduite par mon ami Richard Nerbe Djimrabey pour compatir avec moi, de même le réconfort moral de mes amis MIAN, Mahamat, Rangar, Mbere, Haggar, Sara, Zagawa, Ouaddaï étaient là, pendant que des proches parents ont brillé par leur absence.
Et lors du décès en 2006 de notre ami Adoum Abakar Moustapha Malloumi (premier président du CAMOJET), Abel fut le plus touché et des années plus tard, il reste fidèle à son amitié. Je reste aussi profondément marquer par ce la mobilisation des étudiants lors de la mort d’un étudiant tchadien à N’Gaoundéré en 2009, musulmans /chrétiens ont rempli l’Eglise et accompagné le corps jusqu’à la sortie de Dang.
Les exemples positifs sont nombreux et les comportements négatifs de quelques individus ne peuvent empêcher notre marche vers la consolidation de la nation.
Je serais ni complexé ni influencé par un haineux éventré victime de son éducation ou héritage, produit de l’injustice et du rejet de l’autre, ni par celui qui sent proche des soudanais, égyptiens, centrafricains, congolais au détriment d’un Nandjere ou Kibet.
Je garderais non plus le silence devant le discours haineux d’un jeune diplômé des meilleures universités et vivant dans le luxe grâce aux richesses du pillage des biens publics par ses géniteurs.
Je ferais face à lui avec ma formation locale (je suis un produit national), mes expériences associatives, mes liens d’amitiés et ma diversité culturelle pour lui barrer la route avec ses idées divisionnistes, même s’il mobilisera derrière lui les Ansar Sunna, les Tidjania, les Catholiques, les protestants, les témoins de Jehova, les églises de réveil.
Car, je serais soutenu par les jeunes de ma génération qui sont convaincus qu’ils ne doivent leurs formations, parcours ou réussites ni à leurs communautés, ni à leurs Chefs de Cantons ou Chef de file mais grâce à leur éducation de basse, compétences et le Destin que Dieu leur a tracé.
Que Nodjindo ou Absakine devient président du Tchad, que je sois devant un juge du nom de Doumgoto ou Seif Al-Islam, je ne serais inquiété, j’ose croire le Tchad de ma génération sera ce pays chacun seras jugés selon ses actes et réussira grâce à ses compétences.
Dans le Tchad du demain, chacun aura besoin de l’autre, ce pays ne se construira qu’avec tous pour tous. Même si beaucoup ne serons pas d’accord avec moi, cela n’engage que ma modeste personne. Parce que, ce n’est pas à cause du comportement d’un adulte qui me montra la terre rouge en me disant que Moundou n’est pas chez moi quand j’étais petit que je ne ferais pas confiance à mes frères Mian Sauria Mian-hingam, Baïremadji ou Régis Neatobeye
Ce n’est pas parce que qu’il y a eu tuerie de Ngueli, le massacre de Masssaguet, le viol de Zouhoura que mes amis d’enfance du Quartier Farcha Iriba cesseront d’être mes frères. Ni la haine pourra détruire mes beaux souvenirs du Lycée avec mes frères Zagawa Idriss Issakha Diar , Bokhit Diko, Souleymane Djibrine Noureine, Mahamat Doudouad ou Mahamat Brahim Samoud.
Ce n’est pas aussi parce que Habré a massacré les miens que les Anakaza cesseront d’être mes frères et que mon cousin a été tué a Bongor par les parents de la victime d’un accident de circulation que j’aurais la haine contre les Massa.
Ce n’est parce que, j’étais battus par des jeunes Kim derrière Don Bosco à cause de leur sœur, ni parce que Natacha, Sandra et Abigaël ont refusés mes avances que je dirais le mariage inter-religieux est impossible, mais je respecte la fidélité des filles de Sarh, parce qu’elles étaient engagées avec d’autres avant moi ou je suis pas galant et idem pour mon respect, admiration pour la culture Kim et leur sens de l’honneur et de dignité.
Le fait d’aller dîner la nuit à Moursal chez Solkem et causer tard sur la même table à côté de mon ami Marius le grand buveur devant l’éternel ne m’empêchera pas d’être au premier rang pendant la prière du 5heure en conformité avec ma foi et les derniers conseils de mon feu Père.
A cause de mes amis Macky, Samangassou Bruno, Mbere Rimbe, Passoua, Mbodou, Ali Ranga, Hamlha, je me considère Moussey, Ouaddaï, Marba, Kera, Moundang, Kanembou, Hadjarai.
Je crois à la fraternité et même si je ne suis pas un homme politique, leader associatif ou religieux, ma carte d’Identité Nationale qui me confère le statut du Citoyen tchadien me suffit pour défendre cet idéal.
Cet article n’est qu’une simple et modeste cri de la part d’un jeune tchadien touché par un fait.
Pour cela, je m’engage pour le Tchad. »
MAHAMAT ZENE CHERIF, article tribune publié dans une presse en ligne le 17 avril 2019.