Les rues de N’Djamena sont désormais le théâtre d’une nouvelle addiction qui ronge la jeunesse tchadienne : les jeux d’argent et les paris sportifs. Ce phénomène, autrefois discret, prend aujourd’hui des proportions alarmantes, attirant de plus en plus de jeunes en quête de gains faciles. Mais derrière les promesses de fortune se cache une réalité bien plus sombre.
Une Tentation Quotidienne
Aux abords des kiosques et des sales des jeux, des groupes de jeunes, majoritairement des hommes, se pressent pour consulter les dernières cotes et parier sur le match du jour. L’ambiance est électrique, remplie d’espoir, mais aussi de tension. Pour beaucoup, ces paris sont devenus une routine, voire une obsession.
Mohamed, 22 ans, confie : « Les paris, c’est un peu comme une drogue. Au début, tu mets un petit billet pour t’amuser, mais très vite tu te retrouves à tout miser, en espérant doubler ou tripler ta mise. C’est devenu un mode de vie. »
L’Illusion du Jackpot
Les jeux d’argent promettent des gains rapides, et c’est cette promesse qui attire tant de jeunes. Dans une ville où les opportunités économiques sont limitées et où le chômage frappe durement, l’attrait de l’argent facile est irrésistible. Cependant, très peu réalisent à quel point les chances de gagner sont minces.
Aristophane, un étudiant de 24 ans, partage son point de vue : « J’ai vu des amis perdre tout leur argent à force de parier. Ils pensent toujours qu’ils vont finir par gagner gros, mais c’est rare. La plupart finissent endettés, certains volent même pour pouvoir parier. »
Le Côté Sombre des Jeux
Pour beaucoup, la réalité des jeux d’argent est cruelle. La plupart des parieurs finissent par perdre bien plus qu’ils ne gagnent, tombant dans un cercle vicieux d’endettement et de désespoir. Les conséquences sont souvent dévastatrices, affectant non seulement le joueur, mais aussi sa famille et son entourage.
Ousmane, 26 ans, raconte : « J’ai perdu plus que de l’argent, j’ai perdu du temps, des amis, et même ma dignité. J’ai cru que les paris allaient m’aider à sortir de la pauvreté, mais au final, je suis encore plus pauvre. »
Les jeux d’argent créent également des tensions sociales. Les jeunes qui perdent tout se retrouvent souvent isolés, se détournant de leurs études ou de leur travail. Certains sombrent même dans la délinquance pour financer leur addiction.
Les Défenseurs des Paris
Malgré ces avertissements, certains jeunes défendent encore les jeux d’argent, les voyant comme une échappatoire dans une société où les perspectives sont limitées.
Issa, un jeune entrepreneur de 28 ans, explique : « Les jeux d’argent ne sont pas mauvais en soi. C’est une question de modération. Si on sait s’arrêter à temps et qu’on ne mise que ce qu’on peut se permettre de perdre, cela peut être une forme de divertissement, voire un moyen de gagner un peu d’argent en plus. »
Un Appel à l’Action
Les autorités et les organisations locales sont appelées prendre conscience de l’ampleur du problème. Des campagnes de sensibilisation doivent être lancées à l’endroit des jeunes
Mariam, une travailleuse sociale, souligne : « Nous devons offrir des alternatives aux jeunes. Ils ont besoin d’emplois, de formations et de loisirs constructifs. Tant qu’ils ne verront pas d’autres options pour améliorer leur vie, ils continueront à se tourner vers les paris. »
Les jeux d’argent à N’Djamena sont devenus plus qu’une simple distraction ; ils représentent un danger pour une jeunesse en quête d’espoir et de stabilité. Si rien n’est fait pour contrer cette addiction, les conséquences pourraient être désastreuses pour toute une génération. Le débat est ouvert, mais une chose est claire : il est temps d’agir pour sauver les jeunes de ce piège doré.