Le Collectif des avocats de l’État a tenu un point de presse ce samedi 24 Mai à N’Djamena pour faire le point sur les suites judiciaires du massacre survenu le 15 mai 2025 à Mandakao, département de la DODJE dans le Logone Occidental. Ce drame d’une rare violence a coûté la vie à 42 personnes, en majorité des femmes et des enfants, et a profondément choqué l’opinion publique.
Les avocats ont décrit une attaque d’une « brutalité inouïe », menée par des individus armés qui ont non seulement massacré les habitants, mais aussi brûlé des corps et incendié des habitations. Les premières investigations mettent en lumière une préméditation manifeste, renforcée par la diffusion d’un audio à caractère extrémiste attribué à Assyongar Masra Succès, qui appelait à la haine communautaire et visait explicitement les membres de la communauté peulh, désignés comme les « Bororo ».
S’appuyant sur les éléments recueillis par les enquêteurs, les avocats ont affirmé que cet audio aurait contribué à attiser les tensions et à inciter à l’acte criminel. Suite à ces révélations, une information judiciaire a été ouverte par le parquet d’instance de N’Djamena. Après les premières auditions menées le 19 mai, les personnes suspectées ont été déférées devant le tribunal de grande instance de N’Djamena le 21 mai. L’affaire est désormais entre les mains du 3e cabinet d’instruction.
Les avocats de l’État ont tenu à rappeler l’importance du respect des procédures judiciaires et du principe de présomption d’innocence. Ils ont également mis en garde contre les tentatives de manipulation de l’opinion publique à travers certains médias, appelant à la retenue pour ne pas banaliser la gravité des faits ni inverser les rôles entre victimes et instigateurs présumés.
L’Agence Judiciaire de l’État, s’étant constituée partie civile, a réaffirmé son engagement à utiliser tous les moyens légaux pour que justice soit rendue aux victimes et à leurs familles. « Aucune complaisance ne sera tolérée face à ces actes inhumains », ont souligné les avocats signataires, dont Maîtres Abdoulaye Adam Bahar, Pamkéré Wouzé, Soulalbaye Fredy et Idriss Soumaine.