La suspension de l’aide extérieure américaine, annoncée le 27 janvier dernier par l’ex-président Donald Trump pour une durée de trois mois, plonge de nombreux employés tchadiens des agences américaines dans l’incertitude. Plusieurs ONG et partenaires de l’Agence des États-Unis pour le Développement International (USAID) ont dû interrompre leurs activités, mettant en péril des emplois et des programmes essentiels.
Des salariés soudainement privés de revenus
De nombreux employés d’ONG américaines au Tchad se retrouvent au chômage du jour au lendemain. « Il y a quelques jours, nous avons été notifiés de la suspension de nos contrats. Nous n’étions pas préparés à une telle situation », témoigne un employé de l’ONG FHI 360, qui préfère garder l’anonymat.
Cette suspension a des répercussions dramatiques sur les travailleurs et leurs familles. « Des enfants manquent de médicaments, des réfugiés n’ont plus accès aux soins de santé et aux vivres. Tout cela fait défaut en raison des fermetures liées à l’USAID », ajoute-t-il. Selon lui, cette situation devrait durer jusqu’au 20 avril, à moins qu’une nouvelle décision ne soit prise à Washington.
Des formations et projets brusquement interrompus
Les conséquences ne se limitent pas aux emplois. Des programmes de formation cruciaux ont également été stoppés net. L’organisation Code for Africa (CfA) a ainsi été officiellement informée de la résiliation immédiate du contrat USAID avec le consortium Basiki ni Tagne Kunafoni (BTK-Mali), qui finançait des sessions sur la lutte contre la désinformation.
« Nous étions déjà à 30 % de la formation. Malheureusement, tout s’est arrêté brutalement faute de financement. C’est un vrai coup dur, car cette formation était essentielle pour la vérification des faits », explique un bénéficiaire du programme de Code for Africa.
Un impact global sur l’aide humanitaire en Afrique
En 2024, l’USAID avait alloué environ 35,4 milliards de dollars à l’aide extérieure, dont 11,5 milliards destinés aux pays africains. Cette suspension ne touche donc pas seulement le Tchad, mais de nombreux autres pays du continent.
Les États-Unis figuraient également parmi les principaux donateurs du Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme, avec une contribution annuelle de plus de 1,5 milliard de dollars. Leur retrait menace des avancées majeures en santé publique, notamment la lutte contre le paludisme, qui a permis d’éviter 44 millions de décès depuis 2000.
Un avenir incertain
Aux États-Unis, des recours ont été déposés contre cette décision, et la Cour suprême a été saisie. Mais tant qu’aucune nouvelle annonce ne vient de la Maison-Blanche, les acteurs de l’aide humanitaire et les employés concernés restent dans l’attente. Beaucoup espèrent un rétropédalage de Washington pour éviter une catastrophe humanitaire.