La République démocratique du Congo est à un tournant décisif de son histoire économique. Très avancée dans les négociations d’un accord minier stratégique avec les États-Unis, Kinshasa espère attirer des investissements colossaux estimés à 500 milliards de dollars américains. Mais pour le ministre du Commerce extérieur, Julien Paluku Kahongya, cette somme, bien que spectaculaire, reste largement en deçà du potentiel réel du pays.
Lors d’un briefing spécial tenu ce mardi 27 mai 2025 aux côtés du porte-parole du gouvernement Patrick Muyaya, le ministre Paluku a surpris son auditoire par une déclaration fracassante : « 500 milliards USD, c’est encore trop peu. On a besoin de 1000, 2000, même 3000 milliards USD », a-t-il lancé, soulignant que les richesses naturelles de la RDC sont évaluées à 24 000 milliards USD.
Pour appuyer son argumentation, le ministre a brandi trois outils d’analyse :
1. Le Plan directeur d’industrialisation, estimé à 58,4 milliards USD ;
2. Le réseau routier national et agricole, long de 120 000 km, nécessitant 120 000 milliards USD pour être entièrement modernisé ;
3. Le secteur agricole, avec ses 80 millions d’hectares, qui pourrait absorber à lui seul 80 milliards USD avec un investissement modeste de 1000 USD par hectare.
« Si on me demandait d’affecter les 500 milliards, je les absorberais en moins de dix minutes », a-t-il affirmé, insistant sur l’urgence d’élaborer des plans opérationnels sérieux pour canaliser ces fonds vers les priorités nationales.
Julien Paluku a également tenu à baliser les contours de cet accord minier avec Washington :
– Le développement est avant tout au bénéfice de la RDC ;
– Il n’est pas question de brader les ressources nationales ;
– Une intégration économique régionale est prévue avec des garde-fous clairs ;
– La paix demeure la condition sine qua non pour la réussite de ce partenariat.
Alors que les regards sont tournés vers ce deal historique, le message de Kinshasa est sans équivoque : la RDC ne veut plus être un simple réservoir de matières premières, mais un acteur souverain de son industrialisation.
Yenga Fazili wâ BIREGEYA, Correspondant en Afrique de l’Est et Centrale