Lors du conseil des ministres du 31 janvier 2025, le président Félix Tshisekedi a exigé du gouvernement des actions concrètes pour réduire le train de vie des institutions. Parmi les mesures adoptées figure la suspension, pour une durée de 12 mois, de la mécanisation des nouveaux agents publics, à l’exception des militaires et des policiers.
Une suspension des nouvelles mécanisations pour financer la guerre
Cette décision permettra à l’État d’économiser environ 27,7 millions de dollars cette année, somme qui sera réaffectée au secteur de la défense nationale et de la sécurité. En effet, le budget 2025 prévoyait une enveloppe annuelle de 3,62 milliards de dollars pour la rémunération des agents publics, avec un effectif total de 1 503 275 fonctionnaires.
L’ajout de 20 500 nouveaux agents aurait coûté 49,3 millions de dollars. Toutefois, seuls 9 000 militaires et policiers bénéficieront d’une intégration, coûtant 21,6 millions de dollars, laissant ainsi une marge budgétaire conséquente pour financer l’effort de guerre.
Une politique budgétaire sous pression
Cette mesure n’est pas sans conséquences. En suspendant les mécanisations, le gouvernement contraint 11 500 agents à patienter, prolongeant ainsi l’incertitude sur leur avenir professionnel.
La question du train de vie des institutions n’est pas nouvelle en RDC. Depuis plusieurs années, la société civile dénonce les dépenses excessives de l’État au détriment des secteurs prioritaires tels que la défense, l’éducation et la santé. En 2023, l’organisation Reged avait déjà réclamé la réduction de la taille des cabinets politiques et une meilleure discipline budgétaire. De plus, la Cour des comptes a signalé d’importants dépassements budgétaires entre 2019 et 2023, notamment à la présidence et au sein des institutions parlementaires.
Si ces mesures budgétaires visent à renforcer la sécurité du pays, elles soulèvent néanmoins des interrogations sur la gestion des finances publiques et la nécessité d’une réforme en profondeur pour garantir un équilibre entre austérité et développement.
Yenga Fazili wã BIREGEYA, Correspondant en Afrique de l’Est et Centrale