La République démocratique du Congo fait face à une hémorragie humaine inquiétante. Selon le dernier rapport du Programme alimentaire mondial (PAM) publié ce mardi 3 juin, près de 140.000 Congolais ont fui leur pays vers les États voisins durant les quatre premiers mois de l’année 2025, fuyant l’insécurité persistante dans les provinces de l’Est.
Le Burundi et l’Ouganda, en première ligne de cet afflux, ont accueilli respectivement 70.000 et 60.000 réfugiés. Ces déplacements massifs ne sont pas sans conséquences : ils exacerbent la crise alimentaire déjà sévère dans la région et entraînent une pression accrue sur les ressources humanitaires limitées.
« Les personnes qui fuient la RDC laissent derrière elles leurs terres et n’ont souvent plus accès à des besoins vitaux comme la nourriture, le logement ou les soins de santé », alerte le PAM, qui souligne que femmes, enfants et personnes âgées sont les plus exposés aux dangers dans des camps souvent surpeuplés et sous-équipés.
À l’intérieur même du pays, la situation est tout aussi alarmante. Dans les provinces de l’Ituri, du Nord-Kivu, du Sud-Kivu et du Tanganyika, 7,9 millions de personnes sont en situation d’insécurité alimentaire aiguë, contre 6,6 millions précédemment. Parmi elles, 2,3 millions sont déjà en phase critique, confrontées à un risque élevé de malnutrition sévère.
Le Grand Nord du Nord-Kivu, considéré comme un grenier agricole de la région, voit sa production s’effondrer sous l’effet de l’insécurité. Plus de 90 % des ménages y vivent avec des rations réduites, une alimentation peu nutritive, ou dépendent désormais de la mendicité.
Malgré l’ampleur de la crise, le PAM poursuit ses efforts. De janvier à mars 2025, l’agence onusienne a pu fournir une aide alimentaire et financière à 1,1 million de personnes et des soins nutritionnels à plus de 340.000 femmes et enfants. Mais les besoins ne cessent de croître, dépassant les capacités actuelles de réponse humanitaire.
Alors que la RDC continue de s’enliser dans une crise prolongée, le sort de ses déplacés, à l’intérieur comme à l’extérieur de ses frontières, interpelle la communauté internationale. Une réponse urgente, coordonnée et renforcée devient indispensable pour éviter une catastrophe humanitaire de plus grande ampleur.
Yenga Fazili wâ BIREGEYA, Correspondant en Afrique de l’Est et Centrale