Depuis 2003, la République démocratique du Congo n’exécutait plus la peine de mort, bien que celle-ci demeurât inscrite dans sa législation. Mais face à la résurgence de la rébellion du M23, le gouvernement congolais a décidé de lever le moratoire sur cette sentence. Une décision prise en février 2024 par le Conseil Supérieur de la Défense, sous la présidence de Félix Tshisekedi, et entérinée un mois plus tard par le Conseil des ministres.
Rose Mutombo, ministre de la Justice, a expliqué que cette mesure vise à “purger l’armée des traîtres” et à répondre à la montée du terrorisme et de la criminalité urbaine. Lors d’un briefing conjoint, Patrick Muyaya, ministre de la Communication, a insisté sur le caractère exceptionnel de cette levée, soulignant que le pays se trouve en état de guerre.
“Chaque nation a son parcours. Nous faisons face à une agression, et cette réponse ne remet pas en cause notre engagement pour les droits de l’homme”, a-t-il déclaré, tout en déplorant l’inaction de certains États face à la crise qui sévit dans l’est de la RD Congo.
Critiques internes et pressions internationales
Cette reprise des exécutions a immédiatement suscité des critiques de la part des organisations de défense des droits humains et de l’opposition. La communauté internationale, à travers divers acteurs, a exprimé son inquiétude, estimant que la RDC prend un recul significatif dans le respect des droits fondamentaux.
Cependant, Kinshasa défend sa position : “Nous utilisons les moyens à notre disposition pour ramener la paix dans l’Est et sanctionner ceux qui entravent cet objectif”, a insisté Patrick Muyaya. La décision, selon les autorités, s’inscrit dans une stratégie globale de lutte contre l’insécurité.
Dans un contexte marqué par l’intensification des combats au Nord-Kivu, province située dans l’Est du pays, cette décision controversée continue de diviser, posant la question de la frontière entre sécurité nationale et respect des engagements internationaux.
Yenga Fazili wá BIREGEYA, Correspondant en Afrique de l’Est et Centrale