Le Sénat de la République démocratique du Congo a levé, ce jeudi 22 mai, l’immunité parlementaire de Joseph Kabila, ex-président devenu sénateur à vie. Par 88 voix contre 5, avec 3 abstentions, les parlementaires ont donné leur feu vert à la justice militaire pour engager des poursuites sans précédent à l’encontre de celui qui a dirigé le pays pendant 18 ans.
Les accusations sont d’une gravité extrême : trahison, participation à une rébellion armée (AFC/M23), crimes de guerre et crimes contre l’humanité. C’est un tournant majeur dans l’affaire M23, alors que les violences persistent dans l’est du pays.
Le procureur général des FARDC, soutenu par le ministère de la Justice, pointe la « participation directe » de Kabila au financement et à la stratégie du mouvement rebelle. Une charge qui pourrait marquer un tournant judiciaire dans une nation en quête de justice et d’État de droit.
« Aucun Congolais n’est au-dessus des lois », a rappelé le sénateur Jules Lodi de l’UDPS, tout en soulignant que l’ancien président bénéficie encore de la présomption d’innocence. D’autres figures du parti au pouvoir saluent une avancée historique, tel Jean Tshisekedi : « Ce vote, c’est un signal fort contre l’impunité. »
En face, le camp Kabila contre-attaque. L’ancien chef de l’État dénonce sur le réseau X une « manœuvre politique désespérée » et un procès déjà biaisé. Le PPRD parle de « violation du régime spécial » réservé à un ex-président, et exige une réunion du Congrès, seul organe compétent selon eux.
La RDC s’apprête-t-elle à juger l’un de ses plus puissants anciens dirigeants ? Le pays retient son souffle. Ce qui est certain, c’est que l’ère de l’intouchabilité semble vaciller, dans une nation trop longtemps habituée à l’impunité. Pour le meilleur ou pour le pire, une nouvelle page est en train de s’écrire.