Face à une crise politique persistante dans l’État de Rivers, le président nigérian Bola Ahmed Tinubu a décrété, mardi 18 mars, l’état d’urgence dans cette région stratégique du sud du pays. Cette décision entraîne la suspension du gouverneur, de son adjointe et des députés locaux pour une durée de six mois. Une administration militaire, dirigée par le vice-amiral Ibokette Obas, a été mise en place pour assurer la gestion de l’État.
Un conflit politique envenimé
Depuis plus d’un an, l’État de Rivers est secoué par une rivalité opposant le gouverneur Siminalayi Fubara et son prédécesseur, Ezenwo Nyesom Wike, aujourd’hui ministre à Abuja. Tous deux issus du Parti démocratique populaire (PDP), leur alliance a volé en éclats après l’élection de Fubara en 2023.
Le point de rupture est survenu fin 2023, lorsque 27 députés locaux, jusque-là membres du PDP et proches de Wike, ont rallié le Congrès des progressistes (APC), le parti au pouvoir. Cet exode politique a fragilisé le gouverneur Fubara, ouvrant la voie à des tentatives de destitution. En réponse, ce dernier a tenté de dissoudre l’Assemblée de l’État, exacerbant encore la crise.
Un enjeu stratégique pour le Nigeria
L’État de Rivers est un bastion clé de l’industrie pétrolière nigériane, un secteur vital pour l’économie nationale. L’instabilité politique et les perturbations institutionnelles suscitent des inquiétudes quant à leur impact sur les investissements et la stabilité régionale.
La situation s’est encore détériorée en décembre 2023 avec l’incendie de l’Assemblée législative locale. Le président Tinubu a accusé le gouverneur Fubara d’avoir démoli le bâtiment sans justification et de ne pas avoir entrepris sa reconstruction plus d’un an après.
Une décision présidentielle aux conséquences politiques majeures
Dans une allocution télévisée sur la chaîne nationale NTA, le président Tinubu a justifié l’instauration de l’état d’urgence par la nécessité de restaurer la stabilité politique. « Il est devenu inévitable de déclarer l’état d’urgence dans l’État de Rivers à compter d’aujourd’hui », a-t-il déclaré.
Par conséquent, le gouverneur Fubara, son adjointe Ngozi Odu et l’ensemble des membres élus de l’Assemblée locale ont été suspendus. Le vice-amiral Ibokette Obas a été nommé administrateur pour gérer les affaires de l’État durant cette période.
Si cette mesure exceptionnelle vise officiellement à rétablir l’ordre avant un éventuel retour à un cadre démocratique normalisé, elle pourrait aussi être perçue comme une tentative du gouvernement fédéral de renforcer son contrôle sur un État historiquement influent et frondeur.