Merem Tahar, représentante chargée des relations publiques et de presse de l’association de femmes de la diaspora tchadienne a accordé une interview exclusive au journal TribuneEchos.
Elle revient sur sa participation à la COP28 et explique le défi et l’engagement de la femme de la diaspora dans le développement du Tchad.
TribuneEchos : Qui est Merem Tahar ?
Merem Tahar, étudiante en droit privé, en parallèle de ses études elle est la représentante ,chargée des relations publiques et presses de l’association “les Femmes de la Diaspora Tchadienne”. Elle est également militante des droits de son peuple autochtone GÂ.
TribuneEchos : Parlez-nous de votre association, ses réalisations et ses perspectives ?
Merem Tahar : L’association Les Femmes de la Diaspora Tchadienne a trois volets principaux : le volet social, qui concerne les activités menées en France et en Europe en général, par exemple, l’intégration des personnes étrangères. Le volet humanitaire concerne les actions de socio-développement notamment au Tchad, nous avons réalisé la construction de puits pour l’accès à l’eau potable, des dons de médicaments, de produits d’hygiène et de vêtements neufs auprès des orphelinats et des hôpitaux tchadiens. Le volet culturel concerne toutes les actions visant à promouvoir la culture tchadienne. Nous avons d’ailleurs présenté le Tchad lors du village international de la gastronomie où nous avons dansé au pied de la Tour Eiffel. Les prochaines actions de notre association seront de travailler davantage sur la sécurité alimentaire notamment sur des projets agricoles, le parrainage pour la scolarisation des enfants, en particulier celle des jeunes filles et bien d’autres projets .
TribuneEchos : Dites-nous quelles expériences avez-vous acquis lors de vos dernières participations aux COPS ?
Merem Tahar : Ma première participation était à la COP27, qui s’est déroulée à Sharm El Sheikh l’année dernière où notre association a été conviée. J’ai été intervenant dans quatre conférences où je parlais des réalisations de notre association, de la situation climatique du Tchad et de mon peuple autochtone GÂ.
Lors de ces COP, j’ai beaucoup appris sur les innovations en matière de santé, de sécurité alimentaire et de lutte contre la désertification. Mon réseau s’est élargi durant les COP, car j’y ai rencontré des personnes de différents milieux, des personnalités politiques aux militants des ONG. Cela me permet de plaider en faveur des causes que je défends, et cela crée également des partenariats futurs.
TribuneEchos : Dites-nous quelle est la particularité du COP28 par rapport aux précédentes versions ?
Merem Tahar : Lors de la COP27, il y a eu l’ouverture des pertes et dommages, ce fonds permettant d’indemniser les pays qui subissent de plein fouet le réchauffement climatique. À la COP28, le fonds a été évalué à environ 655 millions de dollars et la sortie progressive des énergies fossiles, loin des attentes espérées, mais c’est déjà une grande bataille gagnée. Il y a eu une journée consacrée aux questions de santé pour la première fois. Cela constitue une avancée majeure, car je ne cesse de le dire, mais nous ne pouvons parler du climat sans aborder les conséquences que cela engendre sur les besoins vitaux.
TribuneEchos : Quelle est le poids de la femme tchadienne dans la diaspora par rapport aux hommes ?
Merem Tahar : Les hommes de la diaspora sont très politisés et on a cette image de la femme plutot effacée. Alors qu’en réalité, les femmes de la diaspora tchadienne sont très actives dans la société. Elles se préoccupent des questions de socio-développement du Tchad, par exemple, par le biais d’organisations humanitaires.
TribuneEchos : Quel est le message que vous souhaitez transmettre à la femme tchadienne en général et celle de la diaspora en particulier ?
Merem Tahar : Dans le milieu social où j’ai grandi, la femme tchadienne est une femme battante qui fait preuve d’initiative. Je pense que la voie de la réussite pour la femme ne s’arrête pas aux études. Nous avons beaucoup de femmes qui font preuve d’entrepreneuriat en valorisant les produits locaux, par exemple. C’est cette image que nous devrions avoir de la femme tchadienne : une femme prête à se mettre au service de sa société.
En matière de politique, nous sommes à une époque où nous devrions accorder davantage de poids à la femme dans la sphère politique tchadienne. Même s’il y a des avancées majeures dans la représentation des femmes dans la classe politique, cela ne reste pas suffisant. Je souhaiterais que les femmes s’engagent davantage dans les sujets de société.
Le Tchad est un pays où la diversité culturelle est une richesse. Il est important de rappeler à la diaspora qu’ils sont des ambassadeurs de la culture et qu’ils ont également le devoir de contribuer au rayonnement du Tchad, surtout lorsqu’ils sont à l’étranger.