Le Maroc s’apprête à fabriquer son tout premier moteur automobile… Eh oui ! Il s’agit d’un moteur fabriqué sur le sol marocain sous la houlette de l’usine espagnol Stellantis. En à peine six ans, le groupe a hissé l’usine marocaine au rang de concurrente directe de celle de Vigo. Il boucle la transformation du site en y inaugurant une ligne d’assemblage de moteurs, en plus des voitures, mini-voitures et robots AGV déjà produits
L’ambition de Stellantis de faire de l’Afrique son « troisième moteur » économique n’est plus un secret. Une stratégie amorcée par Peugeot sous la direction de Carlos Tavares, et amplifiée après la fusion avec Fiat. Le groupe a investi dans de nouveaux sites industriels en Algérie, en Égypte (en partenariat avec un acteur local) et en Afrique du Sud (actuellement en construction), tout en renforçant sa plateforme clé sur le continent : le Maroc.
Il y a un peu plus de deux ans, un investissement de 300 millions d’euros a été consenti pour doubler la production de véhicules à Kénitra et y installer une plateforme industrielle baptisée Smart Car. Cette montée en puissance s’est accompagnée de nouveaux développements destinés à consolider ce hub africain de l’automobile. Après les robots AGV (automated guided vehicles), place désormais à la production de moteurs. Le groupe vient d’inaugurer à Kénitra une nouvelle ligne d’assemblage dédiée à ces composants stratégiques, renforçant ainsi la compétitivité du site.
Fin de semaine dernière, l’usine marocaine a célébré la cérémonie SOP (« Start of Production »), qui marque le lancement officiel d’un nouveau projet industriel. « Après de longues journées de travail, de sacrifices et de défis relevés, nous avons franchi une nouvelle étape historique au Maroc : le lancement de la production de moteurs » !, a salué sur les réseaux sociaux Youssef Dbich, responsable de l’atelier moteurs. Il a partagé une photo en compagnie de Mounir Kharbouche, directeur de l’usine, posant fièrement avec l’un des premiers moteurs produits. « Une fierté marocaine. Bravo à toute l’équipe du projet Engine, et en particulier à celle de Stellantis Kénitra », a ajouté ce dernier.
Avec cette nouvelle activité — dont les volumes de production annuels n’ont pas encore été communiqués — l’usine marocaine rejoint le cercle restreint des sites Stellantis produisant des moteurs. Elle parachève ainsi, en un temps record de six ans, l’établissement d’un véritable pôle industriel dans la ville de Kénitra, au nord de Rabat. Depuis juin 2019, l’usine ne cesse de monter en puissance : en plus des voitures, elle assemble aujourd’hui des mini-voitures électriques (Citroën Ami, Fiat Topolino, Opel Rocks-e) et quelque 1 000 robots AGV par an.
Grâce à l’extension du site, la capacité de production a été portée à 400 000 véhicules par an — soit le double de sa capacité initiale — auxquels s’ajoutent 50 000 unités de mini-voitures, dans le cadre de la stratégie du groupe en matière de micro-mobilité électrique. L’investissement a également permis l’intégration d’un nouvel atelier de peinture (30 carrosseries traitées par heure) ainsi que d’un atelier AGV capable de produire 60 robots par heure. En somme, Stellantis a fait de l’usine de Kénitra l’un de ses sites les plus compétitifs, au point de rivaliser avec celui de Vigo, comme l’a rappelé à plusieurs reprises Carlos Tavares, notamment lors de sa visite à Vigo en décembre 2023.
Cette montée en puissance de l’usine marocaine n’est pas sans susciter des tensions du côté espagnol, notamment à Vigo, où se trouve l’une des plus importantes usines de Stellantis en Europe. La concurrence directe que représente désormais Kénitra irrite certains syndicats et responsables locaux espagnols, qui redoutent un déplacement progressif de la production et des investissements vers le sud de la Méditerranée.