Malgré l’ordonnance ministérielle fixant les prix de certains produits alimentaires de base, la réalité du marché de Rumonge est toute autre. Huile de palme, poisson sec, sucre ou sel, les prix pratiqués défient largement les plafonds définis par le gouvernement. Au grand dam des consommateurs, le litre d’huile de palme non raffinée se vend à 8 500 FBu contre les 5 000 FBu prévus. Le poisson sec atteint 100 000 FBu/kg alors que le seuil est fixé à 60 000 FBu, et le sucre s’écoule à 10 000 FBu/kg dans une totale clandestinité.
Le jeu de l’offre et de la demande en accusation
Les commerçants justifient ces écarts par le déséquilibre entre l’offre et la demande, aggravé notamment par le manque de carburant qui freine l’approvisionnement. Selon eux, les prix doivent s’adapter à la réalité du marché.
Certains proposent même d’augmenter la production nationale pour espérer une baisse durable des prix. En revanche, des produits comme la viande ou la farine de manioc semblent encore suivre les tarifs officiels, preuve que l’application de l’ordonnance reste possible, selon certains observateurs.
Des consommateurs entre colère et résignation
Les habitants de Rumonge saluent la volonté du ministère en charge du commerce mais déplorent l’absence de mesures concrètes pour faire respecter les prix. Ils réclament des sanctions claires contre les commerçants spéculateurs et souhaitent la mise en place de mesures d’accompagnement, notamment la fixation d’une marge bénéficiaire officielle pour éviter les abus.
L’Abuco appelle à l’action collective
Alexis Ndayisaba, représentant de l’Association burundaise des consommateurs (Abuco) en province de Rumonge, exhorte les citoyens à dénoncer les fraudeurs.
Il interpelle également les autorités administratives et policières à faire respecter les prix réglementés, notamment pour des produits sensibles comme le sucre, le ciment et le carburant. Il invite le gouverneur à instaurer un dialogue régulier entre consommateurs et commerçants pour suivre l’application de l’ordonnance et rétablir l’équilibre sur le marché.
Yenga Fazili wã BIREGEYA, Correspondant en Afrique de l’Est et Centrale