Neuf jours après la large victoire du CNDD-FDD aux législatives et communales, le président Evariste Ndayishimiye est sorti de son silence. Lors d’une conférence publique tenue le samedi 14 juin à Gitega, capitale politique du pays, il a appelé les contestataires à privilégier le dialogue et à formuler leurs doléances dans le respect de la loi. « J’appelle tous ceux qui réclament quelque chose à le faire dans la tranquillité et dans le respect de la loi », a-t-il martelé.
S’il s’est réjoui du score presque total obtenu par son parti, le chef de l’État n’a pas balayé d’un revers de la main les irrégularités dénoncées par certains partis d’opposition et organisations de la société civile. Il a reconnu que ces cas doivent être examinés « par les instances habilitées » et a promis d’être à l’écoute pour trouver des solutions constructives, tout en regrettant que les plaintes n’aient pas été formulées à temps.
La sortie du président intervient dans un climat de tensions latentes. Plusieurs formations politiques, dont le CNL, l’Uprona, le CDP ou encore la coalition Burundi Bwa Bose, contestent les résultats. Certaines organisations, comme la Conférence des Évêques catholiques du Burundi (CECAB), émettent aussi des réserves sur la transparence du scrutin.
Face à ce climat, Ndayishimiye adopte un ton à la fois ferme et rassembleur : il avertit contre toute tentative de désordre, tout en réaffirmant sa disponibilité à dialoguer avec toutes les forces politiques, sans distinction. « Je tends la main à quiconque veut travailler pour le pays », a-t-il insisté, balayant les accusations de dérive vers un parti unique.
En se présentant comme le garant de la cohésion nationale, le président burundais tente de désamorcer les tensions et de consolider son image d’homme de dialogue. Plusieurs partis politiques ont déjà reconnu la victoire du CNDD-FDD et annoncé leur volonté de travailler avec le pouvoir. Mais reste à voir si les autres formations accepteront de s’engager dans un processus qu’elles jugent, pour l’heure, biaisé.
Pour Ndayishimiye, l’enjeu est clair : préserver la stabilité politique et consolider les acquis démocratiques, malgré les contestations. Le Burundi entre ainsi dans une phase délicate, où le ton conciliant du chef de l’État pourrait peser lourd sur l’avenir du dialogue politique.
Yenga Fazili wâ BIREGEYA, Correspondant en Afrique de l’Est et Centrale