À moins de deux mois des élections législatives prévues pour le 5 juin, la crise persistante du carburant au Burundi inquiète fortement les états-majors des partis politiques et les candidats indépendants. Lors d’une réunion entre la Commission électorale nationale indépendante (CENI) et ses partenaires, cette pénurie est apparue comme une menace directe à la bonne conduite du processus électoral.
« Sans carburant, pas de campagne électorale », résume Chadrac Sabiyumva, candidat aux législatives dans la province de Bujumbura, désabusé face à l’impossibilité de sillonner le pays pour aller à la rencontre des électeurs.
L’opposition et la société civile montent au créneau
Pour Léopold Hakizimana du Congrès national pour la liberté (CNL), il est impératif que cette question soit prise au sérieux par les institutions, bien qu’elle dépasse les compétences de la CENI. Le climat de méfiance est alimenté par les multiples promesses non tenues concernant l’approvisionnement en carburant.
La coalition « Burundi Bwa Bose » va jusqu’à remettre en question la faisabilité des élections, proposant de réfléchir à d’autres modalités d’organisation si la situation ne s’améliore pas.
L’État appelle au calme mais reste évasif
Face à cette inquiétude généralisée, les autorités tentent de rassurer. Le président de la CENI renvoie la balle à l’État, évoquant la possibilité de discussions avec la Société pétrolière du Burundi et le ministère de l’Intérieur. De son côté, le gouvernement affirme vouloir partager les ressources disponibles pour garantir le déroulement du scrutin.
Mais le scepticisme demeure, d’autant que le Premier ministre lui-même a reconnu, devant les députés, que la crise du carburant a freiné l’exécution de plusieurs projets étatiques. À l’approche des élections, le doute grandit : le carburant manquera-t-il aussi à la démocratie ?
Yenga Fazili wã BIREGEYA, Correspondant en Afrique de l’Est et Centrale