Le centre de transit de Makombe, en province de Rumonge, fait face à une crise humanitaire alarmante. Prévu pour accueillir 500 personnes, il abrite aujourd’hui 1 268 réfugiés congolais fuyant les violences dans leur pays. Dans des conditions de surpopulation extrême, ces réfugiés manquent de tout : nourriture, eau, soins médicaux et infrastructures adaptées.
« Leur nombre ne cesse d’augmenter, et nous manquons de moyens pour leur offrir des conditions de vie décentes », alerte Gérard Bukeyeneza, responsable du centre. La ration alimentaire a drastiquement baissé, passant à 180 g de riz et 60 g de petits pois par jour, une quantité insuffisante pour assurer une alimentation correcte, notamment pour les enfants, menacés par la malnutrition.
Vivre à Même le Sol
Depuis le 18 février 2025, près de 1 000 nouveaux arrivants dorment sans matelas ni couverture. Faute d’espace, beaucoup passent la nuit à l’extérieur, exposés aux intempéries. Avec seulement douze toilettes et quatre douches pour l’ensemble des résidents, les conditions d’hygiène se détériorent rapidement.
« Les familles sont séparées, les hommes d’un côté, les femmes de l’autre. Il n’y a plus de place pour tous », explique Bukeyeneza. L’absence d’un centre de santé aggrave la situation, les malades étant contraints de parcourir de longues distances pour être soignés.
Un Cri d’Alerte Ignoré
Les réfugiés dénoncent un manque cruel d’aide humanitaire. Sans moustiquaires, ils sont vulnérables à la malaria, et le manque d’hygiène favorise les infections. Les femmes, particulièrement touchées, peinent à obtenir des kits hygiéniques. « Nous nous lavons rarement faute de savon, et nous nous changeons dans des conditions indignes », confie une réfugiée.
Les coupures d’eau et d’électricité rendent la vie encore plus difficile. « Je n’ai pas pris de douche depuis deux jours », déplore Dalton Kasuku, un des réfugiés. Beaucoup demandent des documents d’asile pour quitter Makombe et rejoindre des proches ailleurs.
Un Appel à l’Aide Urgent
Face à cette crise, Gérard Bukeyeneza appelle à la relocalisation des réfugiés vers des sites mieux équipés et demande un renforcement de l’aide alimentaire et sanitaire. Le gouverneur de Rumonge, Léonard Niyonsaba, exhorte les organisations humanitaires et les entreprises à intervenir.
Tandis que quelques communautés religieuses ont commencé à apporter leur soutien, l’urgence d’une mobilisation plus large se fait ressentir. En attendant, les réfugiés de Makombe survivent dans des conditions inhumaines, dans l’espoir d’un avenir plus sûr.
Yenga Fazili wã BIREGEYA, Correspondant en Afrique de l’Est et Centrale