Avec la reprise du second trimestre, les écoles burundaises sont confrontées à une crise sans précédent. Sur les 12 000 enseignants nécessaires, seuls 642 ont été recrutés, soit à peine 5,35 % des besoins. Conséquence : dans de nombreux établissements publics, certaines matières ne sont plus enseignées, faute de personnel qualifié.
Les enseignants vacataires, appelés en renfort, peinent à compenser les lacunes. Dans la province de Kayanza, par exemple, sur un besoin de 909 enseignants, seuls 54 ont été recrutés, soit un taux d’à peine 2 %. « Nous faisons de notre mieux avec les moyens du bord, mais la situation est intenable », confie un enseignant sous anonymat.
Les classes surchargées, parfois avec plus de 90 élèves, et le manque de matériel pédagogique aggravent une situation déjà critique. « Impossible de s’assurer que tous les élèves progressent. Les plus faibles finissent par abandonner », déplore Marie-Claire, une enseignante d’école publique.
Des mesures temporaires jugées insuffisantes
Malgré des annonces gouvernementales, les efforts restent insuffisants. Lors d’une séance à Gitega en septembre 2024, le ministre de l’Éducation, Dr François Havyarimana, avait promis un recrutement de 630 enseignants, un chiffre dérisoire face aux départs récurrents et au manque structurel de personnel.
La Fédération nationale des syndicats du secteur de l’enseignement (FNASEEB) dénonce une détérioration continue de la situation. « Étudier est un droit, mais les enfants en sont privés », souligne Antoine Manuma, représentant de la FNASEEB. Il appelle à une augmentation du budget de l’éducation pour financer un recrutement massif.
Face à cette crise, la qualité de l’enseignement se dégrade, menaçant l’avenir de milliers d’élèves burundais. La situation exige des actions rapides et ambitieuses de la part de l’État pour garantir ce droit fondamental qu’est l’éducation.
Yenga Fazili wã BIREGEYA, Correspondant en Afrique de l’Est et Centrale