Alors que l’économie mondiale traverse une zone de turbulences marquée par la dépréciation du dollar américain, la perte de confiance dans le marché obligataire et une vague de dédollarisation croissante, la République démocratique du Congo prend une position résolue : repenser son économie, sécuriser ses flux extérieurs et redéfinir son positionnement géopolitique.
Lors de la 45e réunion ordinaire du Conseil des ministres, ce vendredi 30 mai, le président de la République a alerté sur les risques systémiques qui, bien que globaux, menacent directement la stabilité économique de la RDC. Le compte-rendu du Conseil souligne que le chef de l’État considère ces bouleversements comme « une évolution géopolitique et économique majeure », appelant à une réaction immédiate et stratégique.
Avec une économie hautement dollarisée (91 % des dépôts et 97 % des prêts bancaires sont en dollars) la RDC se retrouve en première ligne face aux fluctuations de la devise américaine. Le président a donc instruit le gouvernement et les institutions économiques à agir de concert pour protéger le pays des chocs extérieurs, renforcer sa souveraineté monétaire, et anticiper les effets d’un ralentissement mondial, accentué par la baisse attendue de la croissance mondiale à 2,8 % en 2025 selon le FMI.
Les conséquences potentielles sont lourdes : inflation importée, pression sur le franc congolais, chute des recettes d’exportation et forte volatilité des cours des métaux. À cela s’ajoutent la baisse de la demande chinoise et le coût financier croissant du conflit à l’Est, qui épuise les ressources nationales.
Parmi les mesures emblématiques de cette nouvelle stratégie, le président a salué la suspension temporaire des exportations de cobalt, un geste fort visant à réguler l’offre et à protéger les intérêts congolais sur le marché mondial. Il a également réaffirmé l’importance de projets régionaux structurants comme le corridor de Lobito et la zone économique spéciale RDC-Zambie, qui incarnent l’ambition du pays à s’insérer durablement dans les chaînes de valeur africaines et mondiales.
« Ce n’est plus une option mais une nécessité », a insisté le président. La RDC entend désormais faire entendre sa voix, défendre ses intérêts et transformer la crise globale en levier de réajustement stratégique.
Yenga Fazili wâ BIREGEYA, Correspondant en Afrique de l’Est et Centrale