Maladies chroniques, troubles digestifs, dépression… Et si une partie de la solution se cachait dans nos intestins ? Le microbiote intestinal, encore peu connu du grand public, joue un rôle crucial dans notre santé. En Afrique, médecins, chercheurs et patients, notamment au Tchad, s’y intéressent de près.
Le microbiote est un organe invisible, mais essentiel. Ce sont 100 000 milliards de micro-organismes qui vivent dans notre intestin, surtout dans le côlon. Ces bactéries, virus et champignons agissent sur la digestion, le métabolisme, le système immunitaire, la santé mentale et la prévention des maladies comme le diabète, l’obésité ou certains cancers. On l’appelle souvent notre ‘’second cerveau’’ pour son rôle dans l’axe intestin-cerveau.
Des vies transformées d’après les témoignages
« Je revis grâce à mon microbiote ». Maimouna Hapsita, 32 ans, a souffert de douleurs abdominales, ballonnements et diarrhées chroniques pendant 7 ans. Aucun traitement ne fonctionnait. « J’étais sceptique, mais j’ai tenté un rééquilibrage de mon microbiote avec une alimentation adaptée, des probiotiques et la gestion du stress. Aujourd’hui, je suis guérie », a-t-elle témoigné.
Même constat pour Halimé Naré, 48 ans, atteinte de colopathie fonctionnelle. Grâce à un test de microbiote, elle découvre un déséquilibre majeur. « Avec l’aide d’un nutritionniste, j’ai adapté mon alimentation. Aujourd’hui, les symptômes ont presque disparu. »
Que dit la science ?
L’étude du microbiote s’appelle la microbiomique. Grâce aux nouvelles techniques de séquençage génétique, on sait aujourd’hui qu’il fermente les fibres pour produire des acides gras à chaîne courte (anti-inflammatoires), fabrique des vitamines (K), protège contre les microbes pathogènes et module le système immunitaire. Certaines bactéries comme les Firmicutes ou Bacteroidetes jouent un rôle majeur.
Le regard des experts africains
« Nous sommes un écosystème », souligne Dr Kadidja Ibrahim. La microbiologiste tchadienne insiste sur la diversité du microbiote comme indicateur de bonne santé. « Plus elle est grande, plus l’organisme est résistant aux maladies. » Le nutritionniste Djebardé Albert, lui, pointe l’usage abusif des antibiotiques. « Ils altèrent le microbiote et favorisent des pathologies qui étaient rares auparavant. »
Pour le gastro-entérologue Dr Djim Hervé, il est urgent d’agir. « Manger plus de fibres, éviter les antibiotiques inutiles, faire du sport, réduire le stress : ce sont des gestes simples pour préserver son microbiote », a-t-il conseillé.
Un potentiel sous-estimé en Afrique
Des études comparatives montrent que les enfants ruraux africains ont un microbiote plus riche que leurs homologues européens. Leur alimentation, à base de mil, légumes et haricots, favorise la diversité microbienne.
Mais avec l’urbanisation, la junk food et la sédentarité, cette richesse est menacée. Le microbiote devient un enjeu majeur de santé publique.
Des solutions prometteuses
Parmi les pistes thérapeutiques, il y a les probiotiques qui consistent les compléments à base de bonnes bactéries, la transplantation fécale qui concerne le transfert de microbiote sain et la nutrition personnalisée, adaptée au profil microbien du patient. Certaines recherches visent même à améliorer les traitements contre le cancer grâce à l’optimisation du microbiote.
Attention aux fausses promesses
Face à l’engouement, des dérives apparaissent. Il s’agit des produits miracles, les régimes douteux et le marketing abusif. « Il faut séparer science et business », prévient le Dr Hervé. « Beaucoup de compléments vendus comme ‘bons pour la flore’ n’ont aucune validation scientifique. »
Maladies modernes : le lien avec le microbiote
Un déséquilibre du microbiote, ou dysbiose, est aujourd’hui associé à l’obésité, le diabète de type 2, les maladies cardiovasculaires, les troubles neurologiques (Alzheimer, Parkinson), la dépression et anxiété et les cancers. Et pourtant, il est possible d’agir en prévention, en adoptant des habitudes de vie favorables au microbiote.
Comment prendre soin de son microbiote ?
Pour prendre soin de son microbiote, il y a 5 bons réflexes à adopter. Il s’agit de manger des fibres (fruits, légumes, céréales complètes), éviter les antibiotiques inutiles, limiter les produits ultra-transformés, gérer le stress et pratiquer une activité physique régulière.
Vers une médecine plus personnalisée
Le microbiote offre une nouvelle approche plus préventive, plus naturelle, et plus individualisée. Mais pour que cette révolution soit accessible à tous, il faut renforcer la recherche africaine, former les soignants et informer les citoyens.
Le microbiote n’est pas une mode mais plutôt un levier puissant pour transformer la santé en Afrique.