Depuis plusieurs semaines, les marchés de N’Djamena sont envahis par des boissons provenant de Kousseri et du Nigeria. Ces produits, de diverses marques et qualités, sont vendus à des prix défiant toute concurrence : 100 FCFA la bouteille au lieu des 250 FCFA habituels. Ce phénomène attire l’attention des consommateurs, mais aussi celle des autorités et des observateurs du commerce informel.
Sur la route entre les marchés de la capitale tchadienne et le poste frontalier de Ngueli, des femmes et des jeunes filles se sont saisies de cette opportunité pour gagner leur vie. Bassins sur la tête, elles transportent les boissons jusqu’aux quartiers, les vendant directement aux boutiquiers qui les revendent ensuite au prix normal, après les avoir mises au frais.
Au marché central de N’Djamena comme dans d’autres points stratégiques de la ville, notamment devant l’Hôpital Policlinique et jusqu’au Sultanat, cette activité est en plein essor.
Nafisa, une jeune vendeuse, raconte : « C’est une amie qui m’a encouragée à me lancer dans ce commerce. Je n’en suis qu’à ma troisième semaine, mais je vois déjà que c’est une activité rentable. À ce rythme, je pourrai bien préparer la rentrée scolaire si Dieu me garde en vie ».
Même constat au marché de Dembé, dans le 7ᵉ arrondissement. Une jeune mère de deux enfants témoigne : « En cette période de canicule, je vends beaucoup. Il m’arrive d’écouler cinq à six bouteilles par jour ».
Cependant, tout n’est pas rose dans ce commerce en plein essor. Un agent de la police municipale à Dembé alerte : « Ces boissons vont expirer dans quatre à six mois. Certaines sont même déjà périmées. Les commerçants cherchent à s’en débarrasser rapidement pour éviter des pertes totales ».
Cette situation soulève des inquiétudes en matière de santé publique. Les autorités devraient redoubler de vigilance afin de protéger les consommateurs, tout en reconnaissant le rôle vital que joue ce commerce pour de nombreuses femmes qui y trouvent un moyen de subsistance dans un contexte économique difficile.