Alors que la communauté internationale a célébré la Journée mondiale de la liberté de la presse ce 03 Mai, le Burundi fait face à un constat alarmant : sa situation médiatique se dégrade à grande vitesse. Le Rapport mondial 2025 de Reporters Sans Frontières (RSF) révèle que le pays est tombé de la 108ᵉ à la 125ᵉ place sur 180, avec un score global en baisse de 51,78 à 45,44.
Une chute qui s’observe sur tous les plans : politique, économique, juridique, social et sécuritaire. L’indice politique recule, passant de 45,32 à 41,98. L’environnement économique des médias se détériore nettement, avec une perte de 21 places. Côté législatif, les espoirs nés en 2024 s’effritent. Quant aux journalistes, ils sont de moins en moins libres d’aborder des sujets sensibles, comme la corruption ou les droits humains.
Dans ce climat pesant, Faustin Ndikumana, directeur national de Parcem, tire la sonnette d’alarme : « Il y a une sorte de morosité. Par exemple, le journalisme d’investigation tend à disparaître », affirme-t-il, dénonçant une presse qui se contente trop souvent de relayer des discours officiels, sans esprit critique.
Pour lui, le journalisme d’investigation est non seulement vital pour informer, mais aussi pour responsabiliser : « On peut dénoncer sans accuser. Le journalisme d’investigation bien fait renforce la bonne gouvernance », plaide-t-il.
Il regrette que les recommandations issues des États généraux des médias, pourtant prometteuses, soient restées lettre morte, faute de mise en œuvre. Face à cette dérive, Ndikumana appelle à un sursaut : pour une presse libre, active, et capable de jouer pleinement son rôle dans la construction démocratique du pays.
Un appel qui résonne comme un dernier avertissement, alors que le Burundi s’enfonce dans un silence médiatique préoccupant.
Yenga Fazili wã BIREGEYA, Correspondant en Afrique de l’Est et Centrale