Malgré l’existence d’un barème officiel des prix des denrées alimentaires établi par le ministère du Commerce, le prix de la viande reste étonnamment élevé sur plusieurs marchés de Bujumbura. À Kamenge, comme dans d’autres quartiers, les consommateurs dénoncent une situation qui semble échapper à tout contrôle.
Des prix qui défient la réglementation
Sur le marché de Kamenge, les étals de viande affichent des prix bien au-delà des limites fixées par le gouvernement. Le kilo de viande avec os se vend toujours à 30 000 BIF alors que le barème le plafonne entre 20 000 et 25 000 BIF.
La viande sans os atteint même 33 000 BIF, soit bien plus que le seuil réglementaire de 28 000 BIF. Les habitants, perplexes et frustrés, s’interrogent sur la portée réelle des directives gouvernementales. « Est-ce que le barème n’est qu’un document symbolique ? », questionne un résident de Kamenge.
Des commerçants acculés par les coûts d’approvisionnement
Les bouchers, eux, se défendent. L’un d’eux, s’exprimant sous anonymat, évoque un coût d’approvisionnement en hausse à l’abattoir de Bujumbura.
À l’origine de cette chaîne de prix : les éleveurs, qui fixent le prix de leur bétail en tenant compte des frais de transport et d’alimentation. « Nous ne faisons que suivre le mouvement », déclare un employé de l’abattoir. Le manque de concertation entre les acteurs de la chaîne semble être un frein majeur à l’application des prix réglementés.
Le consommateur, victime oubliée du système
L’Association burundaise des consommateurs (Abuco) se dit préoccupée. Son porte-parole, Noël Nkurunziza, reconnaît les efforts du ministère du Commerce mais déplore un non-respect généralisé. Il appelle à des mesures concrètes pour faire appliquer la loi. « Le consommateur doit être protégé.
Il a un pouvoir réel, même s’il ne s’exprime pas souvent », martèle-t-il. Pourtant, du côté du ministère, les responsabilités semblent se diluer : le porte-parole renvoie la balle à la police et à l’administration.
Face à cette situation, une chose est claire : sans coordination efficace et volonté politique ferme, le barème restera lettre morte, et les consommateurs continueront à en payer le prix.
Yenga Fazili wã BIREGEYA, Correspondant