Dans un contexte où la consommation de boissons gazeuses devient presque une habitude quotidienne, le Dr Tchinsabé Issa Ouadjoné, médecin généraliste, tire la sonnette d’alarme sur les dangers sanitaires liés à cette pratique, notamment au Tchad où les sodas sont omniprésents dans la culture alimentaire.
Selon le Dr Ouadjoné, plusieurs facteurs poussent les consommateurs vers une consommation excessive des boissons gazeuses : leur goût sucré, la forte disponibilité sur les marchés accessibles à tous les coins de rue –et leur prix abordable.
« Le sucre est un élément incontournable dans la culture alimentaire tchadienne. Cette préférence culturelle contribue à l’attrait des sodas. De plus, leur contenu en caféine, pour certaines marques, peut générer une forme de dépendance », explique-t-il.
La consommation excessive de boissons sucrées n’est pas sans conséquences. Elle est associée à l’apparition de nombreuses pathologies : obésité, diabète de type 2, maladies cardiovasculaires, caries dentaires, entre autres. Le Dr Ouadjoné rappelle que ces sodas sont riches en sucres ajoutés, apportant des calories dites « vides » sans aucun bénéfice nutritionnel.
Le médecin généraliste insiste particulièrement sur les risques de diabète liés à la surconsommation de sodas. « Ces boissons provoquent une élévation rapide de la glycémie, ce qui sollicite excessivement le pancréas et ses récepteurs pour produire de l’insuline. Ce mécanisme, répété, favorise la résistance à l’insuline, prélude au diabète de type 2 », explique-t-il.
Le sucre contenu dans les sodas, étant rapidement absorbé, exerce une pression métabolique continue sur l’organisme. À long terme, cela dérègle la régulation naturelle du glucose.
Les sodas dits “light” ou “zéro”, bien qu’exempts de sucre, ne sont pas totalement inoffensifs non plus : certains édulcorants pourraient altérer le microbiote intestinal et stimuler l’appétit, augmentant ainsi indirectement le risque de diabète.
Plusieurs études épidémiologiques soutiennent cette alerte. Notamment, une étude du American Journal of Clinical Nutrition établit un lien clair entre la consommation régulière de sodas et l’augmentation du risque de résistance à l’insuline et de diabète de type 2.
Le Dr Ouadjoné recommande des alternatives saines : eau plate, eau infusée avec des fruits, thés non sucrés ou encore eau de coco naturelle. Pour sensibiliser le grand public, il prône une approche intégrée : campagnes d’éducation sanitaire, implication des écoles, des associations communautaires, et des leaders locaux.
Le médecin plaide également pour des interventions des autorités publiques : taxation des boissons sucrées, interdiction de leur vente dans les écoles, régulation de la publicité, et un contrôle sanitaire renforcé des boissons vendues sur les marchés.
« La douane pourrait imposer des taxes dissuasives. La mairie, quant à elle, devrait contrôler les produits autorisés sur les marchés. Et la police sanitaire aurait la mission d’homologuer toutes les boissons sucrées disponibles à la vente », souligne-t-il.
Face à la banalisation de la consommation de sodas, le Dr Tchinsabé Issa Ouadjoné appelle à une prise de conscience collective. Il exhorte les citoyens, les décideurs, et les professionnels de santé à agir ensemble pour prévenir une crise sanitaire silencieuse mais bien réelle.