Il y a 41 ans jour pour jour, un groupe de nordistes camerounais organisé un coup d’État audacieux visant à rétablir Amadou Ahidjo au pouvoir. Cette tentative avortée a coûté la vie à plus de cent personnes, tandis que la garde présidentielle, forte de plus de 1500 hommes d’élite, a été dissoute dans le chaos.
C’était un vendredi 6 avril 1984, une journée qui aurait pu ressembler à tant d’autres à Yaoundé. Pourtant, ce jour-là, le président camerounais Paul Biya a échappé de justesse à un coup d’État qui allait marquer son mandat et influencer durablement ses stratégies politiques.
La veille de ce jour tragique, Paul Biya avait pris soin d’éloigner sa femme, Jeanne-Irène, ainsi que son fils, Franck Biya, vers le palais présidentiel de Kribi, situé dans le département de l’Océan. Cette précaution s’est révélée déterminante alors que les putschistes, bénéficiant du soutien tacite de l’ancien président Ahmadou Ahidjo, prenaient rapidement le contrôle des points névralgiques de la capitale et multipliaient les arrestations.
Le directeur de la Sûreté nationale, Martin Mbarga Nguélé, fut parmi les premiers à être arrêté et incarcéré. Le domicile du général Pierre Semengue, non averti par Paul Biya des tensions croissantes, fut attaqué ; bien que blessé, le chef d’état-major parvint à s’échapper in extremis.
Le chef de l’État se réfugia dans le bunker du Palais présidentiel. Pour beaucoup, l’issue semblait déjà scellée. Cependant, les putschistes n’avaient pas totalement maîtrisé les canaux de communication. En laissant le réseau téléphonique fonctionner jusqu’à 10 heures du matin, ils ont permis aux loyalistes d’appeler des renforts. Peu à peu, une riposte s’organisa pour maintenir Paul Biya au pouvoir.