Depuis plusieurs jours, un ordre de mission émanant de l’Institut Congolais pour la Conservation de la Nature (ICCN) concernant le transfert de 12 spécimens de chimpanzés du Centre de Recherche de Lwiro fait grand bruit au Sud-Kivu. Ce transfert, présenté comme une mesure en faveur de la lutte contre les effets du changement climatique, suscite la désapprobation des experts et de la société civile environnementale. Ces derniers s’inquiètent d’un possible transfert vers une destination obscure et dénoncent un manque de transparence.
Une décision controversée
Dans un communiqué signé par Yves Millan, Directeur Général de l’ICCN, l’institution tente d’apaiser les tensions. Selon le texte, cette opération s’inscrit dans le cadre d’un programme quinquennal du gouvernement congolais. Ce programme vise à repeupler, réhabiliter et étudier des espèces dans des sites ex situ, conformément à la loi n° 14/003 de février 2014 relative à la conservation de la nature.
L’ICCN insiste sur le fait que les sanctuaires comme celui de Lwiro sont des lieux temporaires de stabilisation pour les animaux traumatisés. À ce titre, les chimpanzés concernés seront transférés vers des infrastructures réhabilitées, notamment les jardins zoologiques de Kinshasa et de Kisangani, pour servir de modèles pilotes.
La première phase du projet prévoit une modernisation des infrastructures animalières et des initiatives d’éducation environnementale. Par ailleurs, les gestionnaires des sites, ainsi que des experts techniques et scientifiques, bénéficieront d’une formation avancée pour mener à bien leurs missions.
Une défiance persistante
Malgré ces explications, les critiques persistent. Les opposants à l’initiative pointent du doigt le manque de consultation et de garanties sur le bien-être des animaux transférés. Pour beaucoup, la question reste en suspens : ces transferts répondent-ils à des objectifs de conservation ou dissimulent-ils d’autres intentions ?
La polémique illustre une fois de plus la difficulté de concilier la protection de la biodiversité avec des projets d’envergure dans un contexte où la confiance envers les institutions reste fragile.
Yenga Fazili wã BIREGEYA, Correspondant en Afrique de l’Est et Centrale