En six mois seulement, 16 médecins de la province sanitaire de Kayanza ont quitté leurs fonctions, selon Pascal Niyonzima, directeur provincial sanitaire. Une situation qui affecte gravement les services dans plusieurs hôpitaux de la région. Lors d’une réunion avec différents chefs de fonctions, il a souligné que ces départs perturbent non seulement le fonctionnement des hôpitaux publics, mais aussi la qualité des soins aux patients.
Les raisons de ces départs sont principalement économiques. De nombreux médecins préfèrent se tourner vers les structures sanitaires privées, qui offrent des rémunérations plus attractives. Un médecin, sous anonymat, témoigne : « Avec mon salaire dans le public, je ne peux pas subvenir aux besoins de ma famille. Dans une structure privée, je gagne en une semaine ce que je perçois en un mois dans le public. »
Un problème aux conséquences alarmantes
Pierre Nindereye, représentant de l’Association burundaise pour la défense des droits des malades (ABDDM), qualifie cette situation de « très inquiétante ». Il rappelle que les départs massifs de médecins aggravent le déficit déjà existant de professionnels de santé au Burundi. « Tout départ diminue la qualité des soins offerts aux patients. Le gouvernement doit prendre des mesures urgentes pour freiner cet exode. »
Pour l’ABDDM, trois éléments sont essentiels à la qualité des soins : un personnel médical suffisant et compétent, des infrastructures adaptées, et des services respectueux des patients. « Sans ces éléments, ce sont les malades qui en pâtissent », insiste Pierre Nindereye.
Dialogue et réformes nécessaires
Mélance Hakizimana, président de la Fédération nationale des syndicats du secteur de la santé, appelle à un dialogue sincère entre le gouvernement et les syndicats. Il déplore une démotivation généralisée des professionnels de santé, causée par la dévalorisation de leurs métiers, l’absence de perspectives d’évolution de carrière, et la politisation du secteur.
Il propose des solutions concrètes : indexer les salaires au coût de la vie, mettre en place un plan de carrière clair et transparent, et dépolitiser le secteur pour privilégier la compétence et l’expérience.
L’exode des médecins à Kayanza n’est qu’une illustration d’un problème national. Si des mesures rapides et efficaces ne sont pas prises, c’est tout le système de santé burundais qui risque de s’effondrer, avec des conséquences tragiques pour la population.
Yenga Fazili wã BIREGEYA, Correspondant en Afrique de l’Est et Centrale