Ce lundi 25 novembre 2024, à N’Djaména, la Ligue Tchadienne des Droits des Femmes a marqué le coup d’envoi des 16 jours d’activisme contre les violences faites aux femmes et aux filles. Cette campagne annuelle, organisée autour du thème « Riposter et se reconstruire après une violence », met en lumière l’urgence de lutter contre les violences basées sur le genre tout en renforçant l’autonomisation des survivantes.
Le Tchad, à l’instar de nombreux pays, est confronté à une montée alarmante des violences basées sur le genre, exacerbée par un système patriarcal profondément ancré. La présidente de la Ligue Tchadienne des Droits des Femmes EpiphanieDionrang, lors de son discours, a révélé des chiffres inquiétants : 224 cas de violences enregistrés depuis janvier, incluant des mariages précoces (15 cas), des viols (20 cas), des violences conjugales (75 cas), des féminicides (22 cas) et bien d’autres formes d’abus.
Ces chiffres illustrent non seulement l’ampleur du problème mais également les multiples facettes de la violence, qui va du harcèlement au déni de ressources, en passant par le cyberharcèlement. Malgré un cadre juridique relativement favorable, les inégalités et les discriminations sociales persistent, renforçant la vulnérabilité des femmes et des filles.
Sous le thème de cette année, la Ligue met l’accent sur deux actions clés : riposter contre l’impunité et offrir aux survivantes les outils nécessaires pour se reconstruire. Cette approche vise à sortir du simple constat pour passer à des solutions concrètes et adaptées, permettant aux femmes et filles affectées de retrouver leur dignité et leur autonomie.
La présidente Epiphanie Dionrang a souligné que la violence ne doit pas définir la vie des survivantes : « Nous, femmes du Tchad, avons le droit de vivre dans la dignité, de reconstruire nos vies après la violence et de revendiquer notre place dans la société. » a-t-elle déclaré
Durant cette campagne, des activités génératrices de revenus seront organisées dans six localités clés : N’Djaména, Moundou, Bongor, Pala, Sahr et Koumra. Ce projet, financé par l’Ambassade des Pays-Bas, s’inscrit dans une démarche de renforcement du mouvement féministe pour la défense des droits des femmes.
Outre les activités économiques, des campagnes de sensibilisation et de plaidoyer seront menées pour mobiliser l’opinion publique, les autorités et les partenaires au développement. Le but est clair : briser la culture du silence et garantir un accès à la justice pour toutes les survivantes.
La violence basée sur le genre est décrite comme un problème systémique, alimenté par l’impunité, la passivité des autorités et la tolérance sociale. Pour y remédier, la présidente a appelé à une mobilisation collective, car seule une action concertée permettra de changer les mentalités et les structures discriminatoires. « Aujourd’hui, notre message est clair : nous refusons d’être réduites au rôle de victimes. Nous sommes des femmes résilientes, des femmes capables de résister et de se relever. » a-t-elle conclu
Le lancement de ces 16 jours d’activisme est un moment crucial pour rappeler que les droits des femmes ne sont pas négociables. Il s’agit d’un appel à la justice, à la réparation et à l’égalité, afin que chaque femme et chaque fille au Tchad puisse vivre librement et dignement, à l’abri de toute forme de violence.
Avec cette campagne, la Ligue Tchadienne des Droits des Femmes réaffirme son engagement indéfectible à éradiquer les violences basées sur le genre et à construire une société où règnent l’égalité et le respect des droits humains.