Le camp de réfugiés de Dar el Salam, situé à Bagassola dans la province du Lac, traverse une crise alimentaire sans précédent. Plus de 18 450 réfugiés enregistrés n’ont pas reçu d’assistance alimentaire depuis près de dix mois. Isaac Tianse Takamgno, Chef de la sous-délégation du HCR à Bagassola, révèle qu’en plus de ces chiffres alarmants, environ 3 000 déplacés vivent aux alentours du camp, fuyant les récentes violences à Barkaram et Kaïga Kindjiria.
Établi depuis 2015, le camp souffre désormais d’une grave pénurie de ressources essentielles. Mahamat Ali Tchari, chef du camp, tire la sonnette d’alarme et appelle les autorités tchadiennes à renforcer les infrastructures sanitaires et éducatives. Bien qu’un centre de santé et une école aient été établis grâce à des initiatives humanitaires, ces efforts restent largement insuffisants face aux besoins croissants des réfugiés.
Nassirou Seïdou, un volontaire communautaire nigérian, souligne que le Programme Alimentaire Mondial (PAM) n’a pas fourni de vivres depuis plusieurs mois. La situation est particulièrement critique pour les veuves et les enfants non accompagnés qui constituent une part importante des réfugiés. Bien qu’un terrain de 1 000 hectares ait été mis à disposition pour l’agriculture, sa qualité médiocre entrave toute tentative de culture.
La vice-présidente du camp, Mme Fatima Moussa, fait état d’une dégradation préoccupante de la santé des réfugiés due à la malnutrition. Parmi eux, 45 % sont des pêcheurs manquant d’équipement adéquat, tandis que 55 % sont agriculteurs ou commerçants en quête de moyens pour subvenir à leurs besoins quotidiens.
Face à cette situation alarmante, les réfugiés appellent à une aide qui ne se limite pas aux vivres. Ils réclament également des formations pour développer leurs compétences en agriculture et en pêche. Isaac Tianse plaide pour la création de sites socio-économiques afin d’améliorer les conditions de vie au sein du camp. Il déplore par ailleurs le manque d’engagement des femmes enceintes et des victimes de violences basées sur le genre dans l’accès aux soins médicaux.
Il est important de noter que ces réfugiés bénéficient du soutien des humanitaires et de la communauté hôte qui les encadrent dans des Activités Génératrices de Revenus (AGR), notamment dans l’agriculture, l’élevage et les petits commerces.
En conclusion, Takamgno insiste sur l’urgence d’une assistance renouvelée : « Depuis la crise soudanaise à l’est, les réfugiés de Bagassola ne reçoivent plus le soutien nécessaire. Ils ont besoin de vivres et d’accompagnement pour retrouver leur autonomie. »