Lors du Conseil des ministres du 20 juin 2024, une décision controversée a été prise : la dissolution de plusieurs institutions jugées coûteuses, endettées ou inefficaces. Parmi celles-ci se trouve le Fonds national de développement de la statistique (FNDS), un acteur clé du système statistique national (SSN) au Tchad.
Selon nos sources, suite à l’annonce gouvernementale concernant ce projet de dissolution, l’Autorité Indépendante de Lutte Contre la Corruption (AILC) a dépêché une mission pour inventorier les biens et sécuriser le patrimoine du FNDS. Cependant, il est important de noter qu’un projet de dissolution ou de restructuration ne peut avoir d’effets juridiques tant qu’il n’est pas pleinement mis en œuvre. Malgré cela, l’AILC a entrepris des actions qui semblent anticiper cette dissolution, en s’appropriant les biens du FNDS avant même la tenue de la session du Conseil national de Transition.
Le projet de dissolution du FNDs n’ayant pas encore été présenté aux conseillers nationaux, l’AILC a agi de manière unilatérale en s’attribuant les équipements du FNDS, allant jusqu’à modifier les plaques d’immatriculation et à faire transférer ces biens à son personnel. Cette situation suscite l’indignation des contractuels du FNDS, qui dénoncent ce comportement jugé irresponsable. Ils soulignent également que le FNDS joue un rôle central dans la réforme du SSN, une dynamique essentielle pour le développement statistique du pays.
Créé en 2021 après la ratification par le Tchad de la Charte Africaine de la Statistique en mars 2015, le FNDS a été établi pour garantir un financement adéquat pour le SSN. Il finance toutes les composantes institutionnelles, y compris l’Institut National de la Statistique et des Études Économiques et Démographiques (INSEED) ainsi que le Conseil National de la Statistique. Malgré les défis rencontrés, les performances du FNDS sont jugées satisfaisantes par les autorités, nous renseigne une source.
Il convient également de rappeler que cette institution ne dépend pas des fonds publics ; ses ressources de la redevance statistique qui est constituée des produits a l’importation et a l’exportation. Ainsi, l’argument selon lequel le FNDS serait budgétivore ne tient pas face à la réalité financière, a ajouté notre source.
Face à cette situation alarmante, les contractuels exigent non seulement le versement intégral de leurs arriérés de salaires et frais liés au carburant pour dix mois, mais ils réclament également leur reversement dans la Fonction publique si le projet de dissolution venait à être finalisé. Ils dénoncent ainsi une gestion peu orthodoxe de l’AILC et rappellent l’importance cruciale du FNDS pour l’avenir statistique du Tchad.