Le 29 juillet 2024, une avancée significative a été réalisée dans l’organisation du Parlement tchadien avec l’adoption de la loi numéro 013 par le Conseil national de transition. Cette réforme s’inscrit dans une volonté d’établir une structure législative claire et équitable, répondant aux aspirations d’une population en quête de représentation.
Le texte de loi prévoit la composition d’un Parlement constitué de 188 Députés et de 69 Sénateurs, avec une attention particulière portée à l’équité provinciale. Chaque Département et zone géographique se verra attribuer un siège de Député. De plus, les Départements dont le nombre d’électeurs atteint ou dépasse 70 000 bénéficieront d’un siège additionnel, garantissant ainsi une représentation proportionnelle dans le paysage politique.
Pour les Sénateurs, la loi introduit un système mixte : trois sièges par Province, dont deux seront élus au suffrage universel indirect par un collège de Conseillers communaux et provinciaux, tandis qu’un sera nommé directement par le Président de la République. Ce modèle vise à établir un équilibre entre la légitimité populaire et les décisions présidentielles.
Cependant, cette réforme ne se limite pas à la simple redéfinition des sièges. L’article 4 stipule que les candidatures indépendantes seront proscrites lors des élections législatives et locales. De plus, plusieurs catégories de personnes se voient déclarées inéligibles, notamment celles ayant été privées de leur droit d’éligibilité par décision judiciaire ou celles ayant acquis la nationalité tchadienne depuis moins de dix ans.
Pour éviter les conflits d’intérêts, des restrictions sont imposées aux fonctionnaires en poste. Les Gouverneurs, Secrétaires généraux des provinces et autres agents publics ne pourront pas se présenter aux élections dans leur circonscription. Cette mesure vise à garantir une séparation claire entre les fonctions publiques et les mandats parlementaires.
L’exercice du mandat parlementaire est également incompatible avec tout autre mandat électif, conformément à l’article 20 du chapitre 3. L’article 9 précise que le mandat de Député ou Sénateur est incompatible avec toute fonction professionnelle lucrative, sauf dans certains domaines comme l’enseignement supérieur ou la santé.
Concernant les indemnités parlementaires, la loi établit plusieurs catégories : indemnité de base, indemnité de session, indemnité de transport de session et indemnité spécifique en rapport avec les fonctions exercées au sein de l’institution parlementaire. Les membres du Bureau des deux chambres du Parlement ainsi que les Présidents des Groupes parlementaires et des Commissions permanentes auront droit à un véhicule de fonction avec chauffeur. Le Président de l’Assemblée nationale et celui du Sénat bénéficieront en outre d’une indemnité mensuelle spéciale dite indemnité de représentation.
En conclusion, cette nouvelle loi représente une étape cruciale pour redéfinir le paysage législatif au Tchad. Elle pose des jalons pour un système parlementaire qui pourrait renforcer la démocratie tout en soulevant des questions sur l’inclusivité politique et l’équilibre des pouvoirs dans le pays. Les regards restent désormais tournés vers l’application effective de ces dispositions et leur impact sur la vie politique tchadienne.