La décision du gouvernement tchadien de créer une nouvelle ville soulève plusieurs questions, tant sur le plan de la faisabilité économique que sur celui des priorités nationales.
L’initiative de créer une nouvelle métropole semble être motivée par la nécessité de désengorger N’Djamena, une capitale qui souffre d’un développement urbain anarchique. Cette décision, si elle est bien exécutée, pourrait permettre de planifier et de structurer une nouvelle ville en accord avec des principes modernes d’urbanisme, offrant ainsi une meilleure qualité de vie à ses habitants.
Cependant, la faisabilité économique de ce projet est discutable. Le Tchad est confronté à de nombreux défis économiques, parmi lesquels :
- Inondations récurrentes: N’Djamena est fréquemment touchée par des inondations, ce qui montre un besoin urgent d’infrastructures de gestion des eaux plutôt que de nouvelles constructions.
- Accès limité à l’électricité : Une large part de la population n’a pas accès à l’électricité, un problème fondamental que le gouvernement doit résoudre.
- Chômage élevé, notamment chez les jeunes: Avec un chômage persistant, surtout chez les jeunes, il serait peut-être plus pertinent d’investir dans des programmes qui stimulent l’emploi et l’entrepreneuriat.
Dans ce contexte, le projet de créer une nouvelle ville pourrait sembler déconnecté des priorités immédiates du pays. Le financement de ce projet pourrait en effet détourner des ressources précieuses de secteurs critiques comme l’amélioration des infrastructures existantes, la création d’emplois, ou l’accès à l’éducation et à la santé.
La création de cette ville soulève également des questions sur les priorités du gouvernement. Est-ce vraiment une urgence ? Avec les défis économiques actuels, certains pourraient argumenter que les ressources allouées à ce projet pourraient être mieux utilisées ailleurs, par exemple pour améliorer les conditions de vie à N’Djamena ou dans d’autres villes existantes.
Un autre aspect crucial est la transparence dans la gestion des ressources allouées à ce projet. Au Tchad, où la corruption et la mauvaise gestion des fonds publics sont des problèmes récurrents, il est essentiel que ce projet soit mené avec une transparence totale. Les citoyens et les parties prenantes doivent être informés de l’avancement du projet, des coûts engagés, et des bénéfices attendus. Sans une gestion transparente, le projet risque de devenir un exemple supplémentaire de mauvaise gouvernance.
En somme, bien que la création d’une nouvelle ville au Tchad puisse représenter une opportunité de développement urbain planifié, elle doit être soigneusement évaluée dans le contexte des réalités économiques du pays. La priorité devrait être donnée à la résolution des problèmes actuels qui touchent directement la population, tels que les inondations, l’accès à l’électricité, et le chômage. Pour que ce projet soit une réussite, il nécessitera non seulement des ressources financières adéquates, mais aussi une gouvernance transparente et une vision à long terme alignée sur les besoins réels du pays.