Dans une déclaration controversée, la mairesse de N’Djaména, Mme Bartchiret Fatimé Zara Douga, a formellement démenti, hier, le 25 août 2024, les cas d’inondation signalés par les sinistrés sur les réseaux sociaux. Selon elle, « ce qui se passe sur les réseaux sociaux n’est pas toujours représentatif de la réalité tchadienne. Certaines images relayées ne proviennent même pas du Tchad, et certaines d’entre elles datent de 2022 », a-t-elle affirmé.
Pourtant, un rapport d’évaluation mené par l’Organisation internationale pour les migrations en collaboration avec le ministère de l’Action sociale et la Croix-Rouge du Tchad révèle une situation alarmante. Du 7 au 10 août 2024, l’évaluation a couvert 83 quartiers de N’Djamena, et a constaté que 59 d’entre eux sont gravement inondés. Les enquêteurs ont également noté que l’accès à certains quartiers était impossible en raison des conditions dégradées.
Les données recueillies montrent une répartition inquiétante des personnes affectées par arrondissement : 248 personnes dans le 1er arrondissement, 255 dans le 2ème, 419 dans le 3ème, 416 dans le 4ème, 500 dans le 5ème, 2350 dans le 7ème, 3921 dans le 10ème, 7808 dans le 9ème et un total alarmant de 15608 personnes touchées dans le 8ème arrondissement.
Face à ces révélations préoccupantes, Mme Bartchiret a exhorté la population à ne pas se fier aux informations diffusées sur les réseaux sociaux. « Les réseaux sociaux sont souvent alimentés par des critiques non constructives au lieu de contribuer au bien-être du pays », a-t-elle ajouté.
Plutôt que de reconnaître ses échecs face à cette crise humanitaire, la mairesse semble accuser ses concitoyens qui expriment leur détresse en ligne. « Si chaque fois que le Gouvernement fait des efforts, certains cherchent à saper ces initiatives plutôt qu’à proposer des solutions constructives », a-t-elle déclaré.
Avec un sourire désinvolte, elle a conseillé aux habitants de « laisser de côté ce genre de pratiques et de s’unir pour construire notre pays ensemble ». Cependant, cette déclaration soulève des questions sur sa responsabilité en tant que maire. Elle a reconnu que lors des fortes pluies, il est nécessaire d’attendre que l’eau s’évacue. « Nous avons constaté qu’après une grosse pluie, il faut 4h du temps pour que l’eau puisse s’écouler », a-t-elle admis.
Pourtant, elle minimise la gravité des situations vécues par les victimes d’inondations. « Les réseaux sociaux ont tendance à exagérer ; ils filment pendant qu’il pleut et cela peut provoquer une panique inutile », a-t-elle soutenu.
Malgré les souffrances endurées par les N’Djaménois suite aux pluies torrentielles, la maire leur demande avec un ton hésitant de « ne pas s’inquiéter ». Elle ajoute : « Quand il pleut, il faut parfois attendre jusqu’à quatre heures pour que l’eau soit évacuée ». On pourrait presque croire que les pluies nécessitent l’approbation de la mairesse avant d’affecter les sinistrés.
Enfin, Mme Bartchiret assure que « tous les curages de canaux sont en cours » et affirme que des stations de pompage fonctionnent sans relâche. Elle conclut en rassurant la population : « Il n’y a vraiment pas lieu de s’inquiéter ; l’eau est en train d’être évacuée normalement ». Toutefois, ces promesses semblent en contradiction avec la réalité vécue par les habitants de N’Djaména face aux inondations persistantes.