Cette année, comme en 2022, la saison des pluies ramène avec elle son lot de désastres au Tchad, particulièrement dans la capitale, Ndjamena, et certaines provinces. Pourtant, ces catastrophes ne sont ni imprévisibles ni inévitables. Elles sont le résultat direct de l’irresponsabilité criante des autorités municipales et de la négligence des institutions chargées de la gestion des risques.
Un désastre prévisible
Les inondations qui touchent les quartiers de Ndjamena et plusieurs autres provinces ne sont pas une surprise. Chaque année, les services météorologiques tchadiens lancent des alertes bien avant l’arrivée des pluies torrentielles. Ces prévisions sont censées permettre aux autorités de prendre les mesures nécessaires pour éviter ou atténuer les dégâts. Pourtant, l’inertie des autorités locales est flagrante. Les canaux de drainage restent obstrués, les infrastructures demeurent insuffisantes, et aucune mesure préventive sérieuse n’est mise en place.
Les conséquences d’une gestion défaillante
Cette irresponsabilité a des conséquences dramatiques. Les inondations provoquent la destruction des habitations, la perte des biens, et dans certains cas, des vies humaines. Les populations des quartiers les plus touchés sont souvent les plus vulnérables, déjà éprouvées par la pauvreté et le manque d’infrastructures de base. En outre, les inondations entraînent des risques sanitaires considérables, avec la propagation de maladies comme le paludisme ou le choléra, qui trouvent dans les eaux stagnantes un terrain fertile.
La responsabilité des autorités municipales
Les autorités municipales, en particulier, portent une responsabilité écrasante dans cette situation. Il leur incombe d’assurer la gestion des infrastructures urbaines, y compris les systèmes de drainage et les voies d’évacuation des eaux. Pourtant, ces infrastructures sont souvent laissées à l’abandon, et aucune politique cohérente de prévention des inondations n’est mise en œuvre. Les fonds publics destinés à ces projets sont parfois détournés ou mal utilisés, laissant les populations à la merci des éléments.
Le manque de volonté politique
Au-delà des autorités municipales, c’est l’ensemble de l’appareil étatique qui montre un désintérêt pour ces problèmes récurrents. Le manque de coordination entre les différents niveaux de gouvernement, l’absence de plans d’urgence efficaces, et la corruption généralisée exacerbent la situation. Les responsables préfèrent souvent se dédouaner en blâmant les caprices du climat plutôt que d’assumer leurs propres manquements.
Un appel à la responsabilité
Face à cette situation, il est impératif que les autorités tchadiennes prennent leurs responsabilités. La gestion des inondations ne doit pas se limiter à une réaction après coup, mais doit inclure des actions préventives efficaces. Cela passe par la maintenance régulière des infrastructures de drainage, l’élaboration de plans d’urbanisme prenant en compte les risques climatiques, et surtout, par une gestion transparente et responsable des fonds publics.
Les autorités municipales doivent cesser de jouer aux pompiers de service, intervenant uniquement lorsque le feu est déjà hors de contrôle. Il est temps d’adopter une approche proactive et de placer la sécurité et le bien-être des citoyens au cœur des préoccupations. Tant que ces changements ne seront pas mis en œuvre, les inondations continueront de ravager Ndjamena et ses environs, et ce désastre ne pourra plus être qualifié d’accident mais d’une tragédie volontairement ignorée.