Le meurtre de Djamel Bensaïd, artiste peintre pris par erreur pour un pyromane, avait soulevé une vague d’indignation dans tout le pays.
La cour d’appel d’Alger a condamné, lundi 23 octobre, trente-huit personnes à la peine capitale pour le lynchage à mort d’un homme pris à tort pour un pyromane après avoir aidé à éteindre des incendies meurtriers lors de l’été 2021, selon l’agence officielle Algérie Presse Service (APS). Ces condamnations seront commuées en prison à vie car un moratoire sur l’application de la peine de mort est en vigueur en Algérie depuis 1993. Le lynchage, qui s’est déroulé dans la région de Kabylie (nord-ouest), avait soulevé une vague d’indignation dans tout le pays.
Sur les quatre-vingt-quatorze personnes jugées dans le cadre de cette affaire, outre les trente-huit peines de mort, la cour a acquitté vingt-sept personnes et condamné les autres à des peines allant de trois à vingt ans de prison ferme, selon APS. Les personnes ayant été condamnées à mort ont notamment été reconnues coupables d’« actes terroristes et subversifs ayant porté atteinte à la sécurité de l’Etat, à l’unité nationale et à la stabilité des institutions ; de participation à un homicide volontaire avec préméditation ; de complot ».
En première instance, en novembre 2022, quarante-neuf personnes avaient été condamnées à la peine de mort, sept acquittées et les autres avaient reçu des peines de deux et dix ans de prison.
« Que le crime ne reste pas impuni »
En moins d’une semaine, en août 2021, des incendies avaient fait quatre-vingt-dix morts en Kabylie et ravagé des milliers d’hectares. Après avoir entendu qu’on le soupçonnait d’avoir déclenché un feu, un artiste peintre de 38 ans, Djamel Bensmaïl, venu aider les villageois à éteindre les flammes, s’était présenté volontairement à la police pour fournir des explications à sa présence sur les lieux. Des images relayées par les réseaux sociaux avaient montré une foule entourant le fourgon de police et extirpant l’homme du véhicule.
M. Bensmaïl avait été roué de coups puis brûlé vif, et des jeunes avaient pris des selfies devant son cadavre. Les images du lynchage étaient ensuite devenues virales, commentées notamment via le hashtag #justicepourdjamelbensmail. Les auteurs des selfies avaient tenté d’effacer leurs traces mais des internautes de tout le pays avaient compilé des vidéos et effectué des captures d’écran pour que le crime ne reste pas impuni.
TribuneEchos avec AFP