Peu représenté au sein du gouvernement de transition, mais fort d’une longue et riche expérience dans la gestion des affaires de l’État, le parti fondé par le défunt président veut croire en ses chances pour 2024.
À la faveur des mutations de société, qu’elles soient prévisibles ou fortuites, certaines forces politiques cèdent parfois à la tentation de faire table rase. La révolution française de 1789 est l’une des illustrations emblématiques de cette constante de l’Histoire. Dans l’Afrique contemporaine, nous avons encore en mémoire les conférences nationales souveraines, qui ont donné lieu à un déferlement de passions parfois portées par de légitimes aspirations au changement mais qui ont conduit au naufrage du navire qu’elles prétendaient pourtant sauver. Dans toute activité humaine, et plus encore en politique, on ne bâtit pas ex nihilo un nouveau contrat social. C’est vrai du Tchad comme de tout autre État.
À l’occasion du récent Dialogue national inclusif et souverain, nos concitoyens se sont exprimés, dans toute la diversité de leurs opinions et la richesse de leurs singularités. Depuis, le gouvernement de transition, sous la conduite du Premier ministre, Saleh Kebzabo, et sous l’impulsion du chef de l’État, Mahamat Idriss Déby Itno, assure la stabilité de l’État et met en place le cadre institutionnel en vue de l’organisation d’élections générales, transparentes, apaisées et consensuelles.
Jouer sa partition
Le Mouvement patriotique du salut (MPS), fondé par le maréchal Idriss Déby Itno le 11 mars 1990, entend jouer pleinement sa partition dans les prochaines consultations électorales, à l’instar de tous les autres partis. Le MPS le clame avec d’autant plus de force et de volontarisme que certains acteurs de la vie politique nationale, certains faiseurs d’opinion, le considèrent comme une formation politique du passé et du passif, qui n’a plus ni légitimité ni offre novatrice et progressiste pour le Tchad d’aujourd’hui et de demain.
Il n’est pas inopportun de rappeler que la légitimité du MPS s’inscrit dans l’histoire du Tchad. En effet, lorsque Idriss Déby Itno accède à la magistrature suprême, en 1990, il ne fait pas seulement face au chantier gigantesque et urgent de la reconstruction de l’appareil d’État, du rassemblement des Tchadiens et de la décrispation de la vie publique. Désireux de mobiliser tous ses concitoyens autour d’un nouveau contrat social, il estime qu’il faut que les forces politiques concurrentes participent à l’écriture collective de cette page nouvelle et décisive de l’histoire du Tchad.
Symbiose et alliances politiques
La persistance de menaces sécuritaires aux frontières en dépit de l’avènement de la nouvelle République aurait pu l’inciter à différer l’ouverture du jeu politique, le temps d’asseoir la paix et la sécurité du pays. Mais le chef de l’État a fait le choix d’une société ouverte et de l’émulation sur la scène politique.
Notre mouvement peut, à juste titre, revendiquer son humble contribution à la mise en place des jalons de ce processus de démocratisation. Le MPS ne revendique pas seulement son antériorité historique, voire sa primogéniture dans le Tchad de l’ère démocratique. Il peut aussi se targuer d’une longue et riche expérience dans la gestion des affaires de l’État. Dans un monde imprévisible, en proie à des convulsions violentes et porteuses de menaces pour la paix collective, notre expérience de la gestion des crises est précieuse pour nos compatriotes, qui aspirent tous à la paix et veulent enfin s’atteler à la tâche, ardue et vitale, du développement.
Le MPS a toujours noué des alliances politiques autour de majorités d’idées à l’occasion des rendez-vous politiques majeurs qu’il a eus avec le peuple tchadien. Notre formation n’a jamais prétendu détenir la recette miracle lorsqu’il s’est agi d’apporter des solutions aux problèmes du pays. Contrairement à d’autres, nous n’avons jamais eu la prétention démagogique d’apporter aux Tchadiens le paradis sur Terre.
Dans la quasi-totalité des gouvernements formés durant la présidence d’Idriss Déby Itno, le MPS a assuré la direction du pays en symbiose avec d’autres forces politiques ou avec des acteurs de la société civile. Cette volonté de co-construction du Tchad reste inscrite dans notre logiciel politique. Au sein du MPS, nous en avons acquis la ferme conviction que seule une dynamique collective bâtie autour d’une synthèse intelligente et réaliste de nos spécificités socio-anthropologiques et de nos divergences d’idées rendra possible l’émergence du Tchad.
Cette vision du Tchad actuel et de ses lignes d’évolution future est le fruit d’un contact permanent avec les Tchadiens, au plus près de leurs réalités, de leurs angoisses, de leurs attentes, de leurs légitimes espérances. Grâce à sa présence ancienne sur le terrain, notre parti n’est plus seulement une formation politique mais une réalité sociologique. L’adhésion de très nombreux concitoyens au MPS est indéniable. Notre formation ne porte pas seulement un projet de transformation sociale parmi tant d’autres ; elle appartient, durablement, à l’architecture sociologique du pays.
Forts de notre longue marche aux côtés des Tchadiens depuis plus de trois décennies, de la réalité du pouvoir d’État que nous avons exercé et dont nous assumons les succès et les échecs, nous réaffirmons notre volonté de bâtir avec – et pour – nos compatriotes, une vision et des valeurs porteuses de paix, de progrès et de prospérité pour tous.
TribuneEchos avec Jeune Afrique